dimanche 3 janvier 2010

Chapitre 2 - premiers pas dans le monde gris.

Ici, je pense que vous appelez les gens comme moi des magiciens, des fées, des mages ou encore des sorciers ( qu'il est laid ce mot! Toutes ces consonnes agressives!!)
Nous n'avons pas de mot précis pour nous décrire chez nous, nous sommes juste les "gens" puisque tout le monde démarre dans la vie avec les mêmes capacités. Mais nous avons des niveaux de "magination". Donc je suppose, par extrapolation, que nous pourrions nous appeler les "maginateurs" et "maginatrices"?

Quoi qu'il en soit, ici, je vais être LA maginatrice. Même si mes pouvoirs sont en service minimum, j'en ai toujours carrément plus que tout le monde réuni ici! Alors soit je deviens le maître du monde (MOUAAHAHAH), soit je serai, en tous les cas, quelqu'un de toute première importance! (non?)

La poitrine gonflée de suffisance, je me relève. Ce n'est pas tout ce gris qui va me dégonfler!
Je marche la tête haute, je dois avoir fière allure! Tous les regards sont tournés vers moi! Je me déhanche tant que je peux en regardant tous ces gens comme de la merde, yeux fixés vers l'horizon, air sérieux et hautain.

Première chose, trouver un abri, cette pluie va ruiner mes jolies boucles souples! J'entre dans la première gargote sur laquelle je tombe. Mais quel repaire de pouilleux! J'adresse à la patronne mon regard le plus éloquent en matière de "je ne te considère pas plus que le tapis sur lequel j'essuie mes petons royaux crottés" et lui demande où je peux trouver les appartements du chef de la ville.

Elle n'a pas du comprendre ce que je lui demandais parce qu'elle m'a sorti un regard carrément bovin.

Vingt minutes d'explications effrénées plus tard, elle m'envoie dans un endroit appelé "hôtel". Bon déjà, apparemment, ça ne fonctionne pas comme chez nous, la grosse dame au comptoir avait l'air d'attendre que je lui donne quelque chose, en échange de l'abri que je lui demandais. Ah... Ça commence mal pour le futur maitre de l'univers on dirait.

Je ressors de là un peu désappointée, réfléchissant tout en marchant, perdue dans mes pensées quand SOUDAIN( !!)
Quand soudain disais-je, un méli mélo de voiles rouges et noirs s'abat sur moi. Le choc est plutôt douloureux et tout me laisse à penser que tous ces voiles devaient cacher quelque chose de beaucoup plus "costaud".
Après comptage, 2 paires de fesses étant étalées par terre, j'en déduis (quelle perspicacité, décidément!) que j'ai rencontré, un peu violemment, mon premier autochtone des rues. Un autochtone femelle semble-t'il. Une espèce de furie brune aux cheveux longs et fous me regarde d'un air complètement ahuri. Elle a les yeux révulsés, et je m'inquiète presque de l'avoir percutée peut-être trop violemment.

Sa voix rauque s'élève tout à coup: " tu es différente. Perdue et différente. Je suis la main qui se tend vers toi pour t'aider à vivre parmi nous"
Ploc! baisser de rideau, son regard a repris des couleurs, et elle ne semble plus trembler.
Bon elle a toujours l'air un peu abrutie mais je pense qu'elle va bien.

Elle essaie de se relever dans tout l'embarras de ses voiles colorés, elle est en fait vêtue de ce qui semble être quatorze ou quinze tuniques très fines aux couleurs chatoyantes, du rouge foncé au orange le plus vif. Elle semble déjà avoir oublié ce qu'elle m'a dit, mais tente néanmoins de m'aider à me relever, en me tendant une main aux dix doigts bagués et au poignet caché par des dizaines de bracelets.
Mue par une subite confiance, j'accepte son aide, et, tout en me relevant, lui demande en quoi elle peut m'aider.
Elle me répond qu'elle n'en sait diable rien, et que tout dépend de quel est mon problème.

(Okay, on tourne grâve en rond ici!! Si elle oublie tout ce qu'elle me dit au fur et à mesure, on est pas rentrés!)

J'essaie donc de lui resservir mot pour mot le message qu'elle avait essayé de me passer quand nous avions encore les fesses dans le ruisseau.

Elle rit d'un coup de manière totalement ostentatoire, et me dit que ça lui arrive, qu'elle est voyante extralucide et ressent parfois, en pleine transe, des choses un peu curieuses.
(une folle je vous dit!)

Bref, j'ai du lui rappeler quelqu'un qu'elle connaissait et qu'elle aimait bien, parce qu'elle m'a pris le bras pour me trainer dans une brasserie, histoire de consommer un peu de boisson rafraichissante aux plantes.

Je lui ai expliqué d'où je venais, comment j'étais arrivée là, et mes brillants plans de carrière. Et elle a beaucoup ri.
Textuellement, elle m'a sorti ça:
"okayyy future maitresse du monde, en attendant que tes projets se réalisent, tu pourrais peut etre venir chez moi? Il y a de la place, c'est gratuit jusqu'à ce que tu te trouves un travail, et je n'aime pas être toute seule."

Et voilà comment j'ai commencé une colloc', même pas 2 heures après avoir été bannie du monde magique.

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